5 conseils d'enseignants
Maternelle. Construire un lien entre l'école et de la maison
Laurence Le Berre, enseignante en maternelle à l'école Diwan de Quimper, depuis 1994. « Il ne s'agit pas d'être bretonnant ou non. Ce qui va compter, c'est de montrer votre intérêt au travail réalisé par l'enfant. Je propose aux parents d'élèves de prendre un moment le soir avec leur enfant. D'ouvrir le "kaier buhez" (cahier de liaison) et de lui demander : "Ah tiens c'est quoi ça ?". L'enfant va s'exprimer, il vous expliquera des choses avec ses mots à lui, et sera capable de retranscrire sa journée en français, puis en breton au fur et à mesure des années de maternelle. C'est ainsi que vous allez construire un lien entre les expériences de l'école et de la maison. Dans cette démarche, le plus important c'est le regard positif que vous allez porter sur la scolarité de votre enfant. Par conséquent, il sera heureux de montrer ce qu'il a réalisé dans la journée, fier d'apprendre des mots en breton à ses parents et encouragé à poursuivre son apprentissage. »
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Immersion. Nourrir la relation entre l'enseignant et l'enfant
Gireg Le Guevel, enseignant en primaire à l'école Diwan de Saint-Herblain, depuis 2015. « Afin que la langue soit bien accueillie, il faut créer un lien de confiance entre enseignant et enfant, des deux côtés. Ce lien est à nourrir chaque jour. La confiance vient également de ma part : je leur demande de rester sage et ils le font. Cela fonctionne parce qu’il y a un vrai échanger entre nous : douceur et bienveillance, sans être trop gentil et respectueux sans crier. De l’autre côté, les enfants ont également confiance, un lien est créé : pour eux, je ne suis pas un monstre ni un ami, je suis leur enseignant. Ils ont des émotions et il faut les laisser s’exprimer. S’ils apprécient l’enseignant, ils seront plus à l’aise pour prendre la parole et parler davantage breton, sans avoir peur. »
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Primaire. Le breton est déjà ancré en eux
Lenaig Sparfel, enseignante en primaire à l'école Diwan de Rennes, depuis 2011. « En primaire, les enfants parlent breton de façon naturelle, cela fait vraiment partie d’eux. Lorsque les leçons de français sont introduites en CE, les enfants sont amusés d’entendre l’enseignant parler français, ils rigolent. C’est dire à quel point le breton est ancré en eux et fait naturellement partie de leur quotidien. Ils vont donc apprendre à s’habituer à parler français ET breton avec l’enseignant et savoir à quel moment on parle telle ou telle langue. Pour autant, le breton reste toujours la langue de vie de l’école. A partir du CM, les enfants sont plus mûrs et commencent à se poser des questions sur des sujets de société, comme l’écologie par exemple, mais surtout sur la place du breton dans leur vie. Ils se demandent : Pourquoi je parle breton ? Pourquoi préserver la langue ? On leur donne alors des outils pour enrichir cette réflexion : textes, poèmes, chansons. Par exemple, la langue est décrite comme un trésor dans les écrits d’Anjela Duval : cette métaphore plaît beaucoup aux enfants, ça leur parle. C’est à ce moment-là que l’on voit combien le breton leur apporte dans leur éducation. »
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Collège. Poursuivre l’enseignement bilingue immersif
Sylvain Deron, professeur de sciences de la vie de la terre au collège Diwan de Vannes, depuis 2012. « A la fin de l’école primaire, les enfants sont capables de parler breton. Poursuivre leur scolarité à Diwan va leur permettre de mettre en pratique leurs connaissances et d’utiliser le breton dans les matières qui sont enseignées qu’à partir du collège. Le secondaire va aussi perfectionner leur niveau en breton, pour ensuite utiliser la langue tous les jours voire même dans leur future vie professionnelle. En plus de cela, le collège leur apporte indépendance et sociabilité : la majorité des collégiens sont pensionnaires, des liens forts se créent entre eux. Ils ont un bon esprit d’équipe et nous connaissons très peu de problèmes liés aux moqueries ou aux discriminations car ils sont bienveillants les uns envers les autres. »
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Secondaire. Le lien avec la langue devient affectif
Gwenola Coïc, professeure de breton au collège Diwan de Plésidy depuis 2003. « A l’adolescence, le breton est au cœur de la vie des collégiens [et des lycéens] : au tout début de leur scolarité, ce n’était pas leur décision d’être à Diwan, mais le choix des parents. Leur envie de poursuivre le breton se décide petit à petit selon leurs expériences. C’est pour cela que la scolarité du secondaire est déterminante pour le lien qui unit les élèves et la langue. Mais le collège est surtout un lieu intéressant pour l’enseignement, pour atteindre le but d’apprendre tous à vivre avec le breton chaque jour. De plus, cet âge-là n’est pas facile, ils commencent à se poser des questions sur leur vie. La langue joue ici l’outil pédagogique, les jeunes ont quelque chose en plus qui donne du sens à leur éducation, à partager entre eux et qu’ils vivent uniquement ici. […] Les adolescents sont capables de faire et de comprendre leurs devoirs, tant qu’ils en ont l’envie. Le meilleur à faire est de les encourager et avoir confiance en eux pour leur donner envie d’être indépendant. Plus on leur donnera de la liberté, plus ils auront un sentiment d’indépendance, ce qui leur permettra de développer leurs compétences et leur lien affectif avec la langue. »